Que faire lorsqu’un salarié ne se présente pas à la date d’embauche prévue après avoir signé un contrat de travail ?

Lorsqu’un salarié signe un contrat de travail et ne se présente pas à la date d’embauche prévue, cette situation peut être source de confusion et de préoccupation pour l’employeur. Il est essentiel pour ce dernier de savoir comment réagir pour protéger ses intérêts tout en respectant le cadre légal.

 

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  1. Comprendre la situation : L’abandon de poste

La non-présentation d’un salarié à la date prévue après la signature d’un contrat de travail est généralement considérée comme un abandon de poste. Cela signifie que le salarié, bien qu’ayant formellement accepté les termes du contrat, décide de ne pas honorer son engagement sans fournir de justification valable.

Dans ce contexte, il est crucial de noter que le contrat de travail signé ne peut pas être simplement annulé ou ignoré. Le contrat demeure valide et continue d’exister même si l’une des parties ne respecte pas ses obligations. L’absence du salarié ne rend donc pas le contrat caduc automatiquement.

  1. Les options à la disposition de l’employeur

Face à un tel manquement, l’employeur dispose de plusieurs options pour résoudre la situation :

  • Licenciement pour faute : Si le contrat de travail est un Contrat à Durée Indéterminée (CDI), l’employeur peut choisir de procéder à un licenciement pour faute. L’absence injustifiée à la date de début du contrat peut être considérée comme une faute grave, justifiant ainsi le licenciement.
  • Rupture anticipée du contrat : Dans le cas d’un Contrat à Durée Déterminée (CDD), l’employeur peut décider de rompre le contrat de façon anticipée. La rupture anticipée d’un CDD pour faute grave est permise par la loi si l’absence du salarié est jugée comme un manquement grave à ses obligations.
  • Procédure de présomption de démission : L’employeur peut également décider de considérer le salarié comme démissionnaire en appliquant la procédure de présomption de démission. Cette procédure est spécifique et encadrée par le Code du travail. Elle s’applique lorsqu’un salarié abandonne volontairement son poste sans motif légitime et ne reprend pas le travail malgré une mise en demeure de l’employeur.
  1. La procédure de présomption de démission : Comment ça marche ?

La présomption de démission intervient lorsque le salarié quitte son poste sans explication valable et ne répond pas à une mise en demeure de l’employeur. Selon l’article L. 1237-1-1 du Code du travail, pour que la présomption de démission soit appliquée, certaines conditions doivent être remplies :

  • Mise en demeure par l’employeur : L’employeur doit adresser une mise en demeure au salarié, l’invitant à justifier son absence et à reprendre son poste dans un délai raisonnable. Cette mise en demeure doit être formalisée par écrit et être suffisamment claire sur les attentes de l’employeur et les conséquences potentielles.
  • Absence de réponse ou réponse insuffisante : Si le salarié ne répond pas ou ne fournit pas de justification suffisante pour son absence, il est alors présumé démissionnaire. Cela signifie que l’employeur peut considérer que le salarié a choisi de démissionner.
  1. Les motifs légitimes pouvant empêcher la présomption de démission

Le Code du travail prévoit des motifs légitimes qui peuvent justifier l’absence d’un salarié et ainsi faire obstacle à la présomption de démission. Parmi ces motifs, on trouve :

  • Raisons médicales : Une maladie ou une incapacité temporaire de travail peut constituer un motif valable d’absence.
  • Exercice du droit de retrait : Si le salarié estime que les conditions de travail présentent un danger grave et imminent pour sa santé ou sa sécurité, il peut exercer son droit de retrait (article L. 4131-1 du Code du travail).
  • Exercice du droit de grève : Participer à une grève est un droit reconnu et ne peut pas être sanctionné par une présomption de démission (article L. 2511-1 du Code du travail).
  • Refus d’exécuter une instruction contraire à la réglementation : Si l’employeur donne une instruction qui va à l’encontre des lois ou des règlements en vigueur, le salarié peut légitimement refuser de s’y conformer.
  • Modification unilatérale du contrat de travail par l’employeur : Toute modification des termes du contrat de travail, initiée par l’employeur sans l’accord du salarié, peut justifier l’absence de ce dernier.

Il est important de noter que cette liste n’est pas exhaustive. Selon l’article R. 1237-13 du Code du travail et le rapport de la commission des affaires sociales du Sénat, d’autres motifs, comme l’absence de reprise après un arrêt de travail en l’absence de visite médicale de reprise, peuvent également être considérés comme légitimes.

  1. Les conséquences d’une présomption de démission

Lorsqu’un salarié est présumé démissionnaire, il perd son droit aux allocations chômage, contrairement à un salarié licencié pour faute disciplinaire. Cette perte d’indemnité chômage constitue une conséquence majeure pour le salarié.

Il est également important de noter que la démission par présomption n’a pas besoin d’être formalisée par un écrit de la part du salarié, même si la convention collective applicable impose habituellement la production d’un écrit pour une démission. La procédure est automatique dès lors que les conditions sont remplies.

  1. Faire appel à un cabinet de recrutement pour sécuriser le processus d’embauche

Pour éviter les désagréments liés à l’absence imprévue d’un salarié à la date d’embauche, il peut être judicieux pour l’employeur de faire appel à un cabinet de recrutement. En externalisant le processus de sélection, l’entreprise peut bénéficier de l’expertise de professionnels du recrutement qui disposent d’outils et de méthodes éprouvés pour évaluer les candidats de manière approfondie. Un cabinet de recrutement peut non seulement identifier des candidats qualifiés, mais aussi vérifier leur engagement et leur sérieux à travers des entretiens approfondis, des évaluations et des vérifications de références. Cette approche proactive permet de réduire le risque d’abandon de poste après la signature du contrat, garantissant ainsi une intégration plus sécurisée du salarié dans l’entreprise.

  1. Modèles de documents pour les employeurs

Pour aider les employeurs à gérer ces situations délicates, il peut être utile de disposer de modèles de documents formels tels que :

  • Modèle de mise en demeure suite à un abandon de poste : Ce document est essentiel pour notifier officiellement le salarié de son absence et des attentes de l’employeur.
  • Modèle de prise d’acte de démission : Si l’employeur décide de suivre la voie de la présomption de démission, un modèle de prise d’acte peut être utilisé pour formaliser la situation.

Ces modèles peuvent être adaptés en fonction de la situation spécifique de l’entreprise et des particularités du contrat de travail en question.

En somme, lorsqu’un salarié ne se présente pas à la date d’embauche prévue, l’employeur doit évaluer la situation avec soin et choisir la voie la plus appropriée pour résoudre le problème. La compréhension des options disponibles, la mise en œuvre correcte des procédures légales, et l’éventualité de faire appel à un cabinet de recrutement pour sécuriser le processus d’embauche, sont essentielles pour protéger les intérêts de l’entreprise tout en respectant les droits des employés.